“Cette histoire s’appuie sur des faits réels”

Tout au long de l’écoute et malgré l’enthousiasme du narrateur, fier de cette péripétie, je me suis senti consterné. Atterré par le fait qu’à notre époque on se retrouve dans une situation conflictuelle à cause d’une murette. Comment et pourquoi un groupe de jeunes se met à défendre un simple édifice en pierre comme s’il s’agissait de leur propre habitat ou d’une violation de leur propriété ?

C’est cette problématique que je souhaite soulever, à travers ce film, sans me positionner en faveur ou contre les agissements des protagonistes.
La murette est, dans tous les quartiers dits populaires, devenue le « squatte », le lieu de rencontre des jeunes habitants. Un symbole pour certains de la difficulté de trouver sa place dans la société française et du désoeuvrement qui en découle, pour d’autres du phénomène de bande et de la peur que cela engendre dans la plupart des regards extérieurs. C’est donc, quel que soit notre positionnement, l’emblème d’un phénomène de société lié.

Je me suis aperçu, à travers les différentes fictions (courts et longs métrages) réalisées sur la banlieue, que le groupe de jeunes est, la plupart du temps, caractérisé par la pensée unique. On a l’impression d’avoir un collectif où la réflexion est uniforme et les actions qui en découlent homogènes. Ma priorité, avec la création de ces trois « squatteurs » de la murette, est de montrer qu’au-delà d‘une apparence semblable (tous les trois sont d’origines maghrébines et ont un style vestimentaire proche), leurs raisonnements peuvent être différents voire antagonistes..

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